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Les vies à ne pas voler #20 : Laurent Bonneau

Pour fêter cette 20e chronique et avant-dernière, Laurent Bonneau, auteur de BD, peintre et croqueur hors pair, répond aux questions.

Laurent est sorti de l'ombre avec la série Metropolitan (3 tomes) réalisé avec son frère Julien chez Dargaud en 2010. Ensuite il suit les pas de Laurent Garnier pour Rêves syncopés (avec Mathilde Ramadier). Il accompagne joliment des scénaristes dans des récits intimes : Damien Marie pour Ceux qui me restent, Mathilde Ramadier avec Et il foula la terre avec légèreté, la photographe Marie Demunter sur le portrait de Bruxelles et récemment Zidrou pour le très beau Les brûlures paru chez Bamboo-Grand Angle l'année dernière. On le retrouve seul sur des BD intimistes : Douce pincée de lèvres en ce matin d'été, Nouvelles graphiques d'Afrique, On sème la folie. En tant qu'artiste, Laurent expérimente sa technique à travers des résidences et des périodes en s'imposant des contraintes. Le portrait de la ville de Narbonne, qu'il a parcouru sur les toits pendant un an, en est un bel exemple (paru chez Passé Simple).


1. Confiné depuis 8 semaines, comment gères-tu cette période en tant que professionnel ?


Plutôt bien. J’ai énormément de chance de pouvoir vivre ce contexte si particulier dans un cadre si privilégié : la nature se trouve au bout de ma rue et les Albères et le Canigou se plaisent à dévoiler leurs cimes chaque jour différentes. Mon caractère et mon métier trouvant leurs repères dans le besoin de solitude, le confinement n’est pas venu changer grand chose pour moi. Si ce n’est le changement de rythme. Comme dans toute famille, il a fallu rééquilibrer les besoins et rythmes de chacun. Donc il est vrai que si j’arrive à dessiner deux heures d’affilée par jour, je suis content !


2. Est-ce que cela génère des soucis, des annulations, des pauses ?


Pas de gros souci à ce niveau-là, non, hormis 3 expositions prévues dont une belle qui devait se tenir aux Musées Gadagne de Lyon de juin à novembre avec le Festival Lyon BD comme lancement. Il s’agit du fruit d’une résidence artistique établie de janvier à juillet 2019 avec la photographe Marie Demunter. L’exposition n’est à priori que repoussée, mais on ne sait quand ni dans quelles conditions…


3. Quelles activités continues-tu à exercer ? Sur quoi te concentres-tu ?


Je suis chaque jour père, mari, fils aussi (car mes parents furent confinés à nos côtés durant les 3 premières semaines) puis artiste. J’essaie donc d’exercer tout ça en alternant comme je peux. Au niveau du dessin, comme je suis toujours sur 2 voire 3 projets en même temps (c’est un besoin qui me permet de "m’aérer"), je travaille en ce moment sur une bande dessinée avec JIM au scénario ; nous nous plaisons d’ailleurs à avancer avec une méthode assez expérimentale : je dessine avant qu’il n’écrive, puis on avance en ping-pong. C’est extrêmement stimulant. Je continue également un projet personnel de roman graphique sur mon père et la paternité. Et je viens de terminer un projet de livre auto-édité avec des dessins issus de mon confinement (Lauma éditions). Il est désormais parti chez l’imprimeur.



4. Que nous conseilles-tu : comme livre à lire, comme musique à écouter, comme film à regarder ?


Comme livre, je conseillerais simplement ce qui m’a accompagné durant ce confinement : L’obsession Vinci de Sophie Chauveau. Difficile de le résumer, mais cela fait toujours du bien de rentrer dans l’humain et dans l’histoire, et de prendre du recul pour voir comment l’art s’est comporté dans des situations bien pires qu’aujourd’hui. En musique, je crois n’avoir presque rien écouté et ne suis donc pas en mesure de conseiller en ce moment. Quant aux films, je citerai les derniers vus qui m’ont beaucoup parlé : Marche avec les loups et Play.


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