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Les vies à ne pas voler #9 : Sophie Tiers

Parce que nos vies matérielles et intellectuelles sont indissociables et précieuses, parce qu'aujourd'hui les offres culturelles sont accessibles et gratuites, Aporia Culture part à la rencontre des artistes de notre territoire pour savoir comment vivent-ils et comment travaillent-ils en ces temps confinés.


Pour cette 9e chronique, c'est l'illustratrice Sophie Tiers qui vit à Chanac qui se prête à l'exercice.


En pause de publication depuis la naissance de mes enfants, je mets l’accent sur la création, dans ma structure "Les Ateliers Sauvages", des ateliers de recherches graphiques au service des projets des autres !


Je suis cependant sur plusieurs projets d’édition : j’écris ma troisième réinterprétation de conte (suite à Barbe-bleue et Pot d’âne, éd. CMDE) et je travaille sur la mise en image de musiques et enregistrements avec un label, sur des formes courtes animées pour le web, ou encore sérigraphiées sous forme d’objets-livre-vinyle un peu décalés !


Confinée depuis 5 semaines, comment gérez-vous cette période en tant que professionnelle ?


Je suis confinée avec ma famille et donc mes enfants (2 et 3 ans), je continue à travailler sur mes projets graphiques en cours, j’ai recréé un temps de travail différent. Je suis donc sur la création d’affiches illustrées, d’identités visuelles, de programmes culturels, et sur la valorisation de super produits locaux qui ont la côte en ce moment avec la révélation, pour certains, de la consommation locale ! Mon livre en travail trouve des directions inattendues de par le ralentissement du temps, la situation atypique, mais tout ça reste pour l’instant dans ma tête, je n’ai pas cette possibilité de reprendre mes outils d’écriture en main.


Est-ce que cela génère des soucis, des annulations, des pauses ?


Oui, une dizaine d’interventions écriture et illustration scolaires, les salons du livre et puis certainement le travail graphique pour les festivals de l’été, qui est une part importante de mon travail graphique. Mais beaucoup de projets sont maintenus, sur un calendrier presque similaire, donc il faut être un peu Super Woman et accepter - et faire accepter - les débordements naturels des planning initiaux, le travail d’équipe par skype, et le manque de matériel et d’espace pour créer.


Quelles activités continuez-vous à exercer ? Sur quoi vous concentrez-vous ?


Je me concentre sur les commandes, que j’aime beaucoup, qui sont bien plus qu’alimentaires, qui sont elles aussi des terrains de jeux et de création plutôt libre ! Et j’enregistre vocalement mes idées de création personnelle (écriture, sérigraphie, illustration) pour avoir toutes ces pistes au moment ou elles seront exploitables, au moment ou le temps se déploiera autrement, où il laissera place à la création pure, sans contrat. Mais j’avoue que ce n’est pas dit qu’à un moment je décide que ce temps-là, c’est maintenant, et que je profite du confinement pour faire le vide nécessaire à cette création personnelle. Après tout, c’est tellement un temps extra-ordinaire, ça mérite peut-être une création extra-ordinaire.


Que nous conseillez-vous : comme livre à lire, comme musique à écouter, comme film à regarder ?


En ce moment j’écoute pas mal les albums L’art de la défaite de Batlik et Le jeune noir à l’épée de Abd Al Malik.



En livre : je lis Les vagues de Virginia Woolf - très flou et très beau, va bien avec ce temps déconstruit, et je conseille De pierre et d’os de Bérangère Cournut.


Pour le film, je me suis laissée surprendre par Gaspard va au mariage de Antony Cordier.



Et de votre fenêtre, que voyez-vous ? 😊



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