Dans le cadre de Partir en livre 2021, Aporia Culture a donné la parole à des lectrices et des lecteurs de son beau village aveyronnais Saint-Beauzély un jour de grand soleil.
Flore Cutuli de Vue d'ici a récolté ces portraits sensibles sous l'œil de Sylvie Hannoyer.
Anaïs Massini, illustratrice et autrice
De mars à mai 2021, les enfants scolarisés de Saint-Beauzély ont bénéficié d'activités de sensibilisation autour du livre, de la biodiversité et des animaux. C’est à cette occasion qu’ils ont fait la rencontre d’Anaïs Massini, illustratrice et autrice jeunesse aveyronnaise.
« Sans nous, il n’y aurait pas de livres »
L’auteur est le maillon essentiel de la chaîne du livre et pour autant son confort de création ne semble pas être à ce jour le cœur des décisions. Le statut des artistes-autrices en France est complexe, ils sont peu représentés dans les commissions faisant évoluer leur statut. Anaïs Massini souligne la chance qu’elle a eu de tomber (dans les démarches administratives de son congé maternité) sur une personne qui connaissait son statut, la preuve en est que le chemin n’est pas facile au quotidien.
« Parfois, je me sens assez proche de la cause des agriculteurs »
En écoutant Anaïs, on se rend vite compte qu’au travail de création viennent s’ajouter un travail administratif et un travail commercial lourds à porter. L’auteur ne peut connaître à l’avance sa rémunération basée sur ses droits d’auteurs, le prélèvement à la source est donc par exemple difficilement applicable. La rémunération des auteurs ne subit pas l’inflation, pas même pour un auteur ayant fait ses preuves. Il faut beaucoup d’énergie pour défendre ses droits, négocier ses contrats. L’autrice-illustratrice a choisi d’être professeur d’arts plastiques à mi-temps pour ne pas avoir à accepter des projets alimentaires.
« Les adultes s’autorisent à toujours commenter ce que font les enfants, particulièrement les dessins, malheureusement cela inhibe la création »
L’illustratrice se documente, crée, invente des outils afin de permettre aux enfants de libérer leur créativité. Son métier ne se limite pas à la création de livres, elle intervient en milieu scolaire, anime des ateliers de sensibilisation à l’image et à la création artistique. Aimer lire, décrypter les images, libérer sa créativité dès le plus jeune âge, voilà ce qu’elle souhaite transmettre aux plus jeunes pour qu’ils arrivent outillés à l’âge adulte.
« Les bibliothécaires sont là pour conseiller, proposer d’autres choses »
Beaucoup d’adultes sont impressionnés par les livres et n’osent pas passer la porte d’une bibliothèque, ils ne savent pas que c’est gratuit et sont intimidés. Dans leur imaginaire le mot « livre » est associé au mot « intellectuel ». Il devrait d’abord être avant tout une source de loisirs et de plaisir.
« J’ai lu un slogan qui disait : « vous êtes malade, lisez un livre. Vous avez du chagrin, lisez un livre. Vous avez le cafard, lisez un livre. Vous êtes curieux, lisez un livre. Vous voulez affûter votre esprit critique, lisez un livre. Le livre est la solution ! »
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